Afin de satisfaire pleinement ses clients habitués à la souplesse de création des carrosseries artisanales sur ossature bois de la concurrence, Citroën paradoxalement enfermé par les lourds investissements des carrosseries tout acier proposait son nouveau modèle dans de multiples carrosseries afin de satisfaire toutes leurs envies et besoins. Ce sont au total 49 carrosseries qui seront proposées au catalogue pour les C4 (12 ouvertes et 37 fermées) et 45 pour les C6 (9 ouvertes et 36 fermées) de 1928 à 1933 résultat d’un subtil assemblage d’éléments emboutis.
Une multitude de torpédos étaient proposées pour des usages commerciaux ou de tourisme. En cette fin des années 20, les torpédos représentent l’entrée de gamme, ce n’est pas un véhicule de luxe, bien au contraire, le vrai luxe était de rouler au sec dans une voiture fermée. Ce type de carrosserie très en vogue dans les années 20, ne sera plus à la mode au début des années 30, ce qui fait que les modèles G sont relativement rares en torpédos, et la tendance se poursuivra sur la Rosalie.
Les Torpédos C4-C6 étaient des 4 portes, pour 4 ou 6 passagers, sans glaces latérales, la capote était à armatures métalliques et manuelle. Les sièges étaient le plus souvent recouverts de similicuirs. Afin d’éviter les coups de froid, il était possible de fermer les côtés en utilisant des « micas », c’est-à-dire des bâches avec des parties transparentes.
En 1928, les premiers torpédos C4-C6 disposent d’une carrosserie provisoire issue de la B14, seul l’auvent est différent afin de reprendre les moulures du capot des nouveaux modèles. Cette carrosserie existe en version Commerciale (avec hayon arrière) et Tourisme.
En 1929, une toute nouvelle carrosserie torpédo entièrement nouvelle voit le jour afin de remplacer la précédente. Elle sera déclinée en plusieurs versions : Torpédo court, Torpédo à tabatières (avec un double pare-brise rigide rabattable pour les passagers arrière), Torpédos de Voyage, Torpédo familiale (avec strapontins), Torpédo commercial 500kg et Torpédo commercial Extra long (avec hayon arrière pour ces 2 derniers). Ces carrosseries perdureront jusqu’à la fin de la production. Certaines de ces carrosseries seront même utilisées sur les premières Rosalie.
Une grande majorité des torpédos construits furent des versions commerciales, car ils représentaient une voiture polyvalente à la fois pour transporter des charges mais aussi voyager en famille. Seul les C4 étaient disponibles en carrosserie commerciale, les C6 étaient seulement des versions tourisme.
Les autres carrosseries incontournables et qui furent les plus produites sur châssis C4 et C6 furent les caisses fermées à 4 portes, c’est-à-dire : les conduites intérieures, les berlines et les familiales. Ces carrosseries ont été disponibles durant toute la production du modèle il y eu même des commerciales avec panneaux publicitaires amovibles, la semaine on travaille, le dimanche on roule en famille. Chacune de ces carrosseries existent avec séparation chauffeur.
Les conduites intérieures sont des 6 glaces sur châssis court, appelées aussi parfois limousine, elles comportent 4 (voie étroite) ou 5 (voie large) places. Il en existe deux versions, les premières à porte étroites et grandes glaces de custode et les secondes à portes larges et petites glaces de custode sur les dernières G.
Les berlines sont des 4 glaces sur châssis court ou long, à 4 (voie étroite) ou 5 (voie large) places. Il en existe une grande diversité : Berline, Berline de Voyage, Berline Longue et Berline Commerciale (seulement sur C4IX).
Les familiales sont des 6 glaces sur châssis long, à 6 (voie étroite) ou 7 (voie large) places, à strapontins.
Les commerciales sont sur la même base que les familiales mais avec un hayon arrière, et un intérieur disposant de housse en similicuir.
Ce sont sans doute les versions les plus désirables, aussi bien maintenant qu’à leur sorties d’usines, ce sont les cabriolets, faux-cabriolets (actuellement on dirait coupés) et les roadsters. Ce sont les reines des concours d’élégance des années 30, tant leur ligne est bien dessinée, à en faire pâlir des voitures de plus haute lignée. Toutes ces carrosseries sont disponibles en voie étroite ou large, à savoir que quelques soit la voie, la coque reste la même, seuls les ailes et les essieux changent.
Les cabriolets et faux-cabriolets C4-C6 sont facilement reconnaissables à leur pare-brise plus bas que les berlines et à l’élégant ovale en bas des glaces de portes. L’arrière de la caisse est arrondi et dispose d’un coffre pour les versions 4 places intérieures ou d’un spider (c’est-à-dire un grand coffre qui dissimule 2 places supplémentaires, dans certain cas le spider peut être aussi non garnis de sièges, ce qui permet de profiter d’un très large coffre) pour les versions 2 places intérieures. Ces carrosseries ont été produites tout au long de la carrière des C4-C6, en de très faibles quantités par rapport aux carrosseries à 4 portes.
Les faux-cabriolets étaient disponibles en 3 versions différentes : 2 places, 4 places avec glaces de custodes et 4 places sans glaces de custodes. La première, le 2 places, dispose d’une banquette fixe à l’avant sous un toit rigide en acier, comme vu précédemment 2 autres places se cachent dans le spider, elles sont accessibles en jouant les équilibristes par 2 marchepieds coté droit, un en bas de l’aile (ou sur le pare-chocs sur les dernières G) et le second sur l’aile. Les 2 dernières versions, les 4 places, disposent de 2 sièges avant séparés et d’une banquette a l’arrière, les places arrière sont relativement restreintes mais contrairement aux 2 places, au moins on est au sec ! Comme leur nom l’indique la présence ou non de glaces de custodes différencie les 2 versions à 4 places, mais a vrai dire la version sans glaces de custodes est relativement rare. Les faux-cabriolet 4 places a glaces de custodes, eux par contre ont rencontré un assez bon succès et 70% des carrosseries 2 portes C4-C6 sont de ce type, sans doute à cause de sa plus grande polyvalence.
Il existe 2 carrosseries de cabriolets différentes, les 2 et 4 places sous capote. Sur la même base que leurs jumeaux faux-cabriolets, ils se distinguent de loin par leur compas de capote chromés extérieurs et bien sûr, par leur capote beige (à leur sortie d’usine, elles sont désormais bien souvent refaite en noires, dommage). Contrairement aux roadsters, les cabriolets disposent des mêmes portes que les faux-cabriolets, ils disposent donc de vitres latérales a cadres fixes.
Les roadsters sont des cas particuliers, ce type de carrosserie est très répandue outre-Atlantique et représente la plus pure expression de la liberté et de la sportivité, des sortes d’hybrides à mi-chemin entre le torpédo et le cabriolet 2 places. Chez Citroën c’est même clairement le cas : l’auvent, les portes avants, et le pare-brise sont de la même veines que les torpédos (mais avec quelques différences tout de mêmes) et l’arrières et son spider viennent eux du cabriolet 2 places (à quelques différences prêt une fois encore). Cette carrosserie fait son apparition au catalogue en 1931 sur les dernières C4F et C6F
Bien que très peu produit, le roadster existe en 3 versions : Le Roadster à coffre étroit (C4F et C4G uniquement), le Roadster à coffre large (dit de Voyage, C4F et C4G uniquement) et le Roadster Luxe (C4G, C6F CGL et C6G uniquement). Cette dernière version est la plus désirable, qui plus est en 6 cylindres, car elle représente le summum de tout amateur de C4-C6, il en reste très peu d’exemplaires dont un certain nombre sont des reconstructions ou des copies.
Héritage d’une époque en voie de disparition, les carrosseries de « maitre » faisaient parties du catalogue de tout bon constructeur voulant séduire une catégorie d’acheteur fortuné en cette fin des années 20. Mais cela ne durera pas et cela se verra par la disparition rapide de ce genre de carrosserie du catalogue des constructeurs, en effet en 1934, la Traction s’essaiera elle aussi furtivement à ce type de carrosserie mais cela ne durera qu’une année, et il en reste très peu de témoignage et même pas une survivante. La mode avait changé.
Par carrosseries longues de « maitre », il faut entendre : Coupé-Limousine (couramment appelé Coupé-Chauffeur), Limousine/Conduite Intérieure et Coupé-Landaulet. Ces 3 carrosseries ont existé uniquement sur châssis long aussi bien en C4 qu’en C6, bien qu’il n’en subsiste quasiment plus que des exemplaires en C6. Les acheteurs de ce type de voitures, s’achetait déjà une voiture d’une marque populaire alors il ne voulait certainement pas s’abaisser à acheter un 4 cylindres.
Globalement on peut résumer ces carrosseries en 4 caractéristiques : Séparation chauffeur / Coté chauffeur dépouillé, revêtue de similicuir comme les utilitaires / Côté passager, garniture de Grand Luxe en velours / Et pour l’intimité pas de glaces de custodes (sauf pour le landaulet, ou il n’y a pas de custode du tout, nous y reviendrons), après la portes simplement un grand panneau lisse et opaque pour préserver les riches occupants de la vue de la plèbe et réciproquement. Pour que les deux parties communiquent et que le « maitre » puisse donner à son chauffeur ses indications, un système de communication relie les deux, non électrique bien sûr, plus proche de la technique « deux gobelets et un bout de ficelle ».
Le Coupé-Limousine (ou Coupé-Chauffeur) est la version la plus courante et aussi la plus visuellement reconnaissable, surtout quand il est « ouvert ». Sur sa partie avant, la partie du chauffeur, le haut de la carrosserie et démontable et muni d’un tendelet que l’on peut enrouler afin de faire profiter à son chauffeur du grand air, et ainsi, et c’est surtout le but de cette carrosserie, montrer à tous que l’on a un chauffeur et qu’il y a une différence notable entre lui et vous. Il ne reste que quelques dizaines d’exemplaires de cette carrosserie.
La Limousine/Conduite Intérieure (à ne pas confondre avec la Conduite Intérieure « tout court », qui est la très commune 6 glaces sur châssis court) est plus discrète car il s’agit en fait de la même voiture que le Coupé-Limousine mais sans la partie amovible à l’avant. Le chauffeur reste au sec par tout temps ! Les survivantes se comptent sur les doigts d’une main.
Le Coupé-Landaulet est plus exotique, c’est en fait une Limousine/Conduite Intérieure mais cette fois avec la partie qui se trouve derrière les portes arrières, décapotable. Cela repose sur le même principe que les très courants taxis des années 30 qui sont en fait tous ou presque des Landaulets. Cette carrosserie est rarissime, à ce jour il ne reste aucune survivante.
Bien que beaucoup de taxis étaient carrossé hors usine par des carrossiers spécialisés dans ce type d’auto, Citroën proposait aussi des carrosseries taxi d’usine. Il en existait 3 versions distinctes : Le taxi fermé (seulement en AC4), le taxi décapotable (AC4 et C4F voie étroite) et le taxi décapotable large (C4F et C4G en voie large). Ces autos ont le plus souvent équipé la Compagnie des Taxis Citroën, les taxis indépendants préférant le plus souvent les carrosseries hors usine. Les Taxis d’usine sont exclusivement des C4, mais certaines compagnies de taxis exploitaient parfois des taxis C6 sur base de Coupé-Limousine ou de Coupé-Landaulet.
Ces taxis se caractérisent par des attributs communs à tous les taxis de cette époque, c’est-à-dire : une porte côté passager avec un coin rabattable afin de pouvoir l’ouvrir à 180° (les ailes avant ont aussi un galbe différent pour permettre cette ouverture), et bien entendu une séparation chauffeur. La partie arrière disposée de strapontins pour accueillir 2 passagers strapontins, ceux-ci pouvaient être dos ou face à la route.
Les versions décapotables sont en fait des landaulets, c’est-à-dire avec la partie en arrière des portes arrière pouvant être décapotée, rien de tel pour visiter les rues de Paris.
Citroën proposait aussi la vente de châssis nu pour être carrossé hors usine. La plupart de ces châssis nus ont été utilisé pour un usage taxi ou utilitaire, mais certains ont eu plus de chance et ont été carrossé par de grands noms de la carrosserie, on peut citer notamment : Labourdette, Willy van den Plas, Vanvooren, et bien d’autres. Rare sont les survivantes, notamment à cause de leur carrosserie composite a structure bois, qui n’ont pas résisté aux affres du temps.
Sur la base de la C6G, afin de se diversifier, Citroën commença à proposer à ses clients via son réseau de concessionnaires des carrosseries hors usine réalisé par des carrossiers indépendants. Trois carrosseries font alors leur apparition au catalogue : Un coach et un coach décapotable réalisé par Sical et une Berline Toutalu (du nom du Brevet De Viscaya, dont la coque est totalement en aluminium) par Million Guiet. Ce principe fut repris aussi notamment sur les Rosalie.
Le club consacré au C4-C6 existe depuis 2010. Il a pour but de réunir les possesseurs ou amateurs de ces modèles, mais aussi d’organiser des sorties, de lancer des refabrications ou encore de promouvoir le modèle à travers des expositions et autre.